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Le Château

Il est situé à 3 kilomètres environ au-dessus du village de Montferrer, dans la direction de Corsavy, face nord à 1100 mètres d’altitude.

Il est bâti sur la pente raide d’un bloc rocheux qui forme, là, la crête de la montagne, et dans lequel il est encastré ; si bien que sa silhouette se confond avec celle de ce rocher, dont il occupe les vides et les anfractuosités.

C’est un nid d’aigle, inaccessible, imprenable, d’où la vue se repose sur les tons verts de la montagne et sur le bleu du ciel, l’horizon y est des plus étendus sur la montagne d’Arles, de Saint Laurent (dont on voit la Forge del mitg), de Comalada (dont l’arète descend vers le Tech), et sur le Puig de la Souque (vers Corsavy).

L’entrée du château, en particulier, a un cachet tout spécial.
Cette entrée est un passage voûté, mais la voûte repose, non sur deux murs d’appui, mais sur une paroi rocheuse (à gauche) et une aiguille rocheuse (à droite), paroi et aiguille sur lesquelles elle est jetée et qu’elle relie.

Au milieu de pans de murs écroulés, on voit les traces de la Chapelle, à double nef.

Au cours des siècles, et avant la construction de l’église paroissiale, c’est dans cette chapelle dite de Santa de Mollet, du nom de Mollet, donné au château, que se faisaient les cérémonies du culte, pour la population du village.

En 1088, un fait assez curieux se passa au château de Montferrer. Le Viguier de Roussillon expédia un officier porteur de lettres où Dalmau de Castellnou était sonné de comparaître dans un délai de quinze jours en la Cour de la Viguerie de Perpignan. Il devait y répondre aux accusations de meurtres, incendies, dévastations et autres crimes commis par Dalmau au temps de l’opposition faite à l’administration de la tutelle du Roi Jacques II de Majorque, l’office du tuteur étant rempli par Philipppe de Majorque, trésorier de Saint Martin de Tours.

Dalmau de Castellnou était accusé :
1°) d’avoir fait assassiner par le bâtard de Castellnou, frére Bernard de Corbéra, Chanoine del Camp, Jacques Sicart, juge royal et Guillaume Cerezol de la paroisse de Llotes,
2°) d’avoir fait saccager le Mas de Candell dont la juridiction appartenait au Roi,
3°) d’avoir menacé d’aller avec ses gens empêcher le juge d’intervenir dans une affaire entre le donzell Guillaume d’Oms et santa Colomba,
4°) d’avoir fait arrêter et mettre aux fers un huissier de la Cour Royale dans l’exercice de ses fonctions.

L’Officer, chargé de notifier ces assignations se présente à la porte du château de Montferrer. Le châtelain Raymond Cagarriga lui en défend l’entrée et lui déclare que Dalmau de Castellnou n’est pas dans le château. Il se refuse, d’ailleurs, à toute notification et, comme le courrier se disposait à déposer les lettres à la porte du château, Raymond Cagarriga le menace et l’officier effrayé se retire sans déposer les lettres.

Le château de Montferrer était considéré comme lieu sinistre, s’il faut en juger par la complainte chantée par les vieux de la contrée et dont le refrain était :

Adeu, castel de Montferrer
Jo may no t’agués vist
Hi ha presos tant malas
Que n’os veu may ni dia y nit.